LE BOUC EMISSAIRE

LE BOUC EMISSAIRE    480 PAGES
DAPHNE DU MAURIER  Editions Livre de Poche


John, un historien anglais en vacances en France, rencontre au Mans par hasard son sosie parfait, Jean de Gué. Les deux hommes font connaissance : l'un est solitaire, sans famille, l'autre, épicurien désinvolte, se plaint de la sienne qui l'étouffe. Le lendemain matin, John se réveille, vêtu des affaires de Jean, qui a disparu. À la porte, le chauffeur l’attend pour le ramener au château. John prend alors la place de Jean… Comme dans Rebecca, on retrouve dans ce livre la cruauté, l’étrangeté et l'art du suspense de Daphné du Maurier.


MON AVIS
Un classique à emporter pour les vacances ? Pourquoi pas ce roman moins connu que Rebecca de Daphné du Maurier.
John et Jean de Gué, le buffet de la gare, un grand miroir, deux regards absolument identiques se croisent.


John l'anglais, plus français que nature, passionné d'histoire, vient faire le point, dans l'Abbaye de la Grande Trappe, sur sa vie. Aucunes attaches, il est un professeur de français amoureux de la France, personne ne l'attend. Jean de Gué, Bordelais, fils de famille de riche verriers rentre d'un périple parisien. Il n'a pas précisé quand il rentrerait au domaine. 
Ces deux-là vont dîner au Buffet de la Gare du Mans, comme pourraient l'avoir fait deux êtres interloqués par leur si profonde ressemblance.
Seulement voilà, Jean voit en John l'échappatoire qu'il n'attendait plus... Jean de Gué étouffe dans sa vie de châtelain, les non-dits de sa famille pleine de rancoeurs, sans véritable joie, ni amour. La verrerie familiale lui pèse, il est acculé. Il va raconter son histoire à John, lui proposer de prendre sa place comme s'il s'agissait d'une aventure et devant le peu d'empressement de l'anglais, forcer le destin en lui volant son identité, ne lui laissant aucun autre choix que celui de se mettre dans sa peau.
John a bon fond. Il va s'attacher à Marie-Noëlle, la fille de Jean, aux femmes de cette famille, à la verrerie. Il va découvrir la maîtresse du châtelain, mais aussi son profond égoïsme, sa désinvolture. Lui qui se rêvait français, va se sentir enfermer dans cette drôle de situation, la tension va monter crescendo au fur et à mesure de ses découvertes concernant la personnalité de Jean et de son environnement.  Il a l'illusion d'avoir trouvé une famille, de n'être plus seul mais les problèmes à régler et ce qu'il va mettre au jour sont si lourds... N'était-il pas mieux dans sa petite vie triste ? Comment peut-il trouver les solutions tant espérées pour sauver la verrerie, le domaine ? Existe-t-il un syndrome du sauveur chez John, endosser la vie de son double suffira-t-il a donné un sens à sa propre vie ?
Beaucoup de sujets sont abordés dans ce roman, la solitude, l'hypocrisie, le pardon, l'opportunisme y compris pendant cette période trouble de la Seconde Guerre mondiale. Le suspense et la tension qui monte jusqu'à cette fin très inattendue rendent le roman addictif. 
On veut savoir si Jean reprendrait sa place, si John saura faire prendre à sa vie un tour plus heureux... Cette histoire est un questionnement sur l'identité, le bien et le mal. Tout le monde a-t-il réellement été dupe ? J'ai beaucoup aimé ce roman, à vous de le découvrir maintenant !

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